La Roumanie, berceau d'Eugène Ionesco, de Mircea Eliade, du comte Dracula, du Danube… et de l'ours brun.
Plus de 5 500 individus vivent dans la colonne vertébrale du pays, ce grand croissant formé par le massif des Carpates. Soit 40 % de la population européenne sur un territoire à peine plus grand que nos Pyrénées, où les 25 individus continuent à déchaîner les passions.
Alors qu'en 2013 on accusait les ours slovéno-pyrénéens d'avoir tués 172 animaux d'élevage, en Roumanie, la moyenne annuelle ne dépasse pas 400 victimes. Et les propriétaires de toutes les bêtes tuées sont indemnisés par le ministère de l'Agriculture.
La cohabitation
Il faut dire qu'en Transylvanie, l'ours fait partie du paysage depuis la nuit des temps, que tout est organisé pour que la cohabitation entre le plantigrade, l'homme et ses troupeaux soit la plus harmonieuse possible. Les ours sont là, tout près. C'est ainsi. Ils font partie du patrimoine du pays comme les lions en Afrique de l'Est, les kangourous en Australie, les cobras en Inde.
Tous les troupeaux d’ovins et bovins doivent être gardés et le sont. Il existe deux types d'élevages: les bergers qui restent dans leurs estives avec leurs chiens et les grands propriétaires qui emploient des bergers. Ils peuvent se retrouver à cinq ou six salariés avec une dizaine de chiens pour garder jusqu'à 3 000 moutons.
Et pour compléter le dispositif, les gardes forestiers apportent au printemps, au moment où les ours ont le plus besoin de protéines, de la nourriture pour les fixer en montagne et leur éviter ainsi de descendre dans les pâturages ou les villages.
L’observation
Encore balbutiant, le tourisme d'observation des ours commence également à se développer. Des affûts sont installés à proximité des sites de nourrissage. Il faut y monter à pas de loup et contre le vent pour espérer apercevoir la bête à la nuit tombante., dans ces cabanes accrochées à flanc de montagne où il faut attendre des heures dans un silence de cathédrale pour espérer observer le plus grand mammifère d'Europe en liberté.
Ce tourisme d’observation dure jusqu'à l'automne, quand les vergers regorgent de fruits bien sucrés et qu'il suffit parfois de rester au balcon de l'hôtel pour voir, à l'heure où le jour renonce, les ours s'approcher des vergers. La chose est admise par les autochtones qui, connaissant les dangers de cette proximité, s'en accommodent. Ici, la bête est populaire, aimée et respectée.
Et ce, même si son image reste associée à celle du dictateur communiste Nicolae Ceausescu. Car c'est en se réservant le droit de chasse unique sur l'ours, gibier royal, qu'il a laissé exploser la population. (Jusqu’à 7 000 individus) Il se dit même qu'il fit grandir la race artificiellement en croisant des ours d'élevage avec des sauvages. Ce qui est sûr, c'est que la souche orientale des ours bruns qui vivent en Transylvanie est plus massive que l'occidentale de Slovénie ou des Pyrénées. Un mâle peut atteindre 350 kilos.
À l’exception d’une marque de bière nommée Ursus, l’image de l’ours n’est pas utilisée à des fins commerciales ou culturelles en Roumanie. Nous avons néanmoins remarqué une statue de l’animal au sommet de la citadelle de Rasnov.
Peut-être aurez-vous la chance de croiser en chair et en poil le symbole de la Roumanie sauvage...
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