Il existe en Bulgarie une fête qui puise ses origines dans un rituel thrace reflétant l’attente du printemps – la fête des « koukéri ». Ce carnaval, ayant persisté de l’Antiquité à nos jours, marque le début de l’année agricole dans l’espoir d’une bonne et fructueuse récolte. Les déguisements, masques et vêtements hauts en couleur, sont de curieux mélanges d'attributs humains et d’animaux. Les « Koukéri » dansent et donnent le rythme avec les clochettes accrochées à leurs ceintures afin de chasser les mauvais esprits et de réveiller la terre.
La tradition des « Koukéri » est étroitement liée à celle des « Sourvakari » - groupes de jeunes qui, à l'approche du Nouvel An, vont de foyer en foyer pour exprimer, en chantant et en dansant, leurs vœux, attentes, espoirs et désirs liés à ce nouveau départ qu'est la nouvelle année.
Les rituels varient d’une région à l’autre : ils se déroulent en janvier, une semaine avant le carême ou encore début mars.
La ville de Pernik, capitale du Festival International des Jeux de mascarades (un des évènements folkloriques les plus importants de Bulgarie, ayant lieu après les fêtes de fin d'année), retrouve une quiétude momentanée : elle est annonciatrice de la mystérieuse et enivrante fête aux nombreux rites appelée « SOURVA ».
Depuis des siècles, chaque quartier de la ville et les villages de la région se prêtent à la magie : des groupes d'hommes déguisés, nommés « Sourvakari» ou « Koukéri » qui défilent au rythme sonore des clochettes. C'est une tradition authentique conservée avec ferveur et qui se transmet de père en fils.
Les groupes des « Koukéri » se composaient jadis uniquement de garçons célibataires qui, avec leurs danses et rituels spectaculaires, chassaient le mal afin que seul le bonheur subsiste. De nos jours, il y a dans ces groupes de plus en plus de femmes et d'enfants, enchantés eux aussi par la féérie de la fête.
Pendant toute l’année, chacun s'y prépare... Au fil des mois, des costumes sont confectionnés par les participants eux-mêmes : habits et masques composés de peaux d'animaux, de bois, de cornes, de plumes, de morceaux de miroirs brisés et de tissus souvent brodés en rouge (couleur du soleil, du feu et du renouveau), en blanc (couleur de l'eau et la lumière) et en noir (couleur de la terre). Les costumes à clochettes pèsent parfois plus lourd que les personnes qui les portent et les masques peuvent faire jusqu'à 7 mètres de haut.
À la veille de chaque festival, les groupes locaux mais aussi d'ailleurs sont attendus avec beaucoup d'impatience et plus de 6 000 participants, en provenance de toute la Bulgarie mais aussi d’autres pays d'Europe, d'Asie et d'Afrique, se réunissent dans la ville.
Le jour même de la fête, lorsque toutes les places du village sont illuminées par de grands feux et que le son des cloches retentit dans toute la région, les groupes de « Koukéri » sont à la tête d’une procession traversant le village et marquant des arrêts pour prononcer les vœux tant attendus à chaque habitant. Cette fête réunit des familles entières au sein de la maison paternelle en assurant ainsi la continuité de cette belle tradition.
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