Nom : Novi Pazar
Coordonnées : 43° 08' 12''N ; 20° 30' 44'E
Code postal : 36 300
Nombre d'habitants : 61 000 (2011)
Densité de population : 4 300 habitants/km²
Superficie : 15km²
Gentilé : Novipazarois
Située sur les routes menant au Kosovo ou au Monténégro, la ville serbe de Novi Pazar est un carrefour important dans le Sud-Ouest de la Serbie. Bien que la fondation de Novi Pazar ne remonte qu'au XVème siècle, la région n'en demeure pas moins le cœur de la nation serbe d'aujourd'hui.
En effet, le peuple nomade serbe fut invité à rester sur place par l'Empereur byzantin au VIIème siècle. La région s'appelait alors la Rascie. Au cours des siècles qui suivirent, les serbes qui adoptèrent la religion chrétienne orthodoxe commencèrent à construire des églises, des monastères ainsi qu'une capitale. L'église des Saints Apôtres Pierre et Paul de Rascie, le monastère de Đurđevi stupovi et la forteresse de Stari Ras voient alors le jour.
C'est au cours du XIIème siècle, sous la dynastie des Nemanjić, que les différentes entités politiques héritées du groupe nomade serbe se réunirent jusqu'à former le royaume de Serbie, en 1217, alors dirigée par Stefan Ier Nemanjić.
La forteresse de Stari Ras devient alors la capitale de la Serbie unifiée, et très vite, la région s'enrichit encore comme avec la construction du monastère de Sopoćani.
Le XIVème et le XVème siècle sont des années de déclin de la région, avec les percées mongoles d'un côté et la montée en puissance des Ottomans de l'autre, Stari Ras est abandonnée et petit à petit, la Rascie est intégrée au sein de l'Empire Ottoman.
De nos jours, Novi Pazar est une ville de Serbie où l'Islam et les influences turques sont encore très fortes. On se réveille au chant des muezzins, on y retrouve un semblant de bazar à la turque et des boutiques comme un torréfacteur de café qui changent grandement de ce qu'il est possible de trouver dans les autres grandes villes de Serbie.
La visite de la ville de Novi Pazar est une plongée dans le temps, à l'époque de la Serbie ottomane. Il est impossible de ne pas remarquer les minarets des mosquées dont les plus importantes sont la mosquée Arap et la mosquée Altun Alem. Toutes les deux construites au XVIème siècle, elles témoignent de l'appropriation culturelle de la population serbe des codes architecturaux des mosquées traditionnelles. La mosquée Altun Alem, mosquée principale de la ville, comprenait également une école coranique, la maison de l'imam, un hammam, des magasins et des artisans au service de l'imam et de sa famille.
Parmi les autres vestiges de l'époque ottomane que l'on peut voir à Novi Pazar, la forteresse et le hammam Isa Beg sont deux autres exemples frappants. Construits durant la seconde moitié du XVème siècle, ces deux bâtiments sont l'oeuvre d'Isa Beg, général de l'armée ottomane. Il a choisit les abords de la rivière Raška pour y construire une forteresse de plan triangulaire flanquée de bastions et en a fait son centre administratif et de pouvoir. Il dota également la ville d'un hammam urbain avec des salles d'eaux séparées pour les hommes et les femmes, le tout, richement décoré de marbre. De nos jours, le hammam qui a assez mal survécu aux années, abrite un bar/café où il est possible de boire un verre au milieu des coupoles et de ce qui fut à l'époque, un important point de rendez-vous de la ville.
Le dernier élément qu'il convient de mentionner lorsque l'on visite Novi Pazar est le Musée Ras, institution culturelle qui a ouvert ses portes en 1953 et qui à travers une riche exposition retrace l'Histoire de la région de Rascie et son rôle fondateur au Moyen-Âge dans la fondation de la Serbie telle qu'on la connaît aujourd'hui. Le département d'ethnologie du musée permet de voir les artisanats de l'époque et les nombreuses influences que les ottomans ont pu apporter dans la vie de tous les jours.
Cependant, la richesse de Novi Pazar et de sa région se trouve à l'extérieur des limites de la ville.
Autour de Novi Pazar, dans un périmètre de 20 kilomètres se trouve pas moins de 4 sites inscrits ensemble sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, c'est le cas de l'église des Saints Apôtres Pierre et Paul (IX siècle), de la forteresse de Stari Ras (IX siècle), du monastère de Đurđevi stupovi (XIIème siècle) et du monastère de Sopoćani (XIIIème siècle).
L'église des Saints Apôtres Pierre et Paul est l'une des plus anciennes de Serbie qu'il est possible de visiter en l'état de nos jours. Les fresques les plus anciennes qui soient encore visibles dans l'église remonte au Xème siècle, les autres sont plus tardives entre le XIème et le XIXème siècles pour les restauration les plus récentes. Le cimetière attenant vaut également la visite afin d'y observer des pierres tombales datant de l'époque de la construction de l'église et qui sont relativement rares ailleurs dans le pays.
Bien que difficile d'accès, la forteresse de Stari Ras a conservé ses lignes de fortifications extérieures et l'emplacement de ses tours de défense. Quelques bâtiments, conservés à l'état de fondation témoignent de l'importance politique, administrative et culturelle que pouvait jouer la ville à l'époque de son apogée. Naturellement défendue par les pentes douces de la colline sur laquelle elle se trouve, la forteresse de Stari Ras offre un point de vue remarquable sur la région de Novi Pazar, ce qui servait à l'époque pour pouvoir voir l'ennemi de loin.
Le monastère de Đurđevi stupovi a été fondé dans la seconde moitié du XIIème siècle par Stefan Ier Nemanjić, l'unificateur. Très tôt, avec le monastère voisin de Sopoćani, ils sont devenus des lieux de pèlerinage et d'administration religieuse importante du fait de leur proximité avec la capitale. Cependant, l'arrivée des Ottomans et les différentes guerres au cours des siècles qui suivirent endommagèrent grandement le monastère de Đurđevi stupovi. Une première campagne de restauration fut entreprise entre 1960 et 1982 et d'autres plus ponctuelles depuis 2001. L'ajout du monastère sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979 aida grandement à sauver ce qui était alors un joyau en péril.
Le monastère de Sopoćani a été fondé dans la seconde moitié du XIIIème siècle par le roi Uroš Ier Nemanjić qui souhaitait alors en faire son mausolée. Très vite, les murs intérieurs du monastères furent ornés de fresques qui bien qu'aillant connu quelques dégradations figurent parmi les plus belles de l'art médiéval serbe. A la fin du XVIIème siècle, les Ottomans prirent possession du monastère et l'incendièrent. Le bâtiment resta à l'abandon pendant plus de 200 ans avant que des campagnes de restauration ne soient entreprises pour sauver le monastère et lui redonner sa splendeur d'antan. Depuis, il a intégré la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Venir à Novi Pazar c'est s'aventurer dans une Serbie à influence ottomane où se trouve pourtant la plus importante concentration de sites UNESCO qui rendent hommage aux joyaux de l'orthodoxie serbe.
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