La campagne serbe

La richesse d'un pays outre son histoire et sa capitale provient de sa campagne, c'est là que l'on voit les habitants vivre, vaquer à leurs occupations quotidiennes, c'est également dans les campagnes que les traditions et le folklore sont le plus ancrés. Cette règle ne déroge pas à la Serbie. Si les villes, à l'image de Belgrade ou de Novi Sad permettent d'appréhender l'Histoire et les productions artistiques du pays à travers leurs musées (Musée National de Belgrade, musée de l'histoire militaire, musée Ivo Andrić, musée Nikola Tesla, musée d'art contemporain de Belgrade, musée de Voïvodine, musée d'art contemporain de Novi Sad, musée de la ville de Novi Sad), le mode de vie urbain rapproche ces villes de n'importe quel grand centre urbain de la planète.
 
Cependant, très attachées aux racines même de leur peuple et de ses traditions, ces mêmes villes peuvent proposer des sorties alternatives comme le musée d'ethnographie de Belgrade qui sur trois étages permet de voir les costumes traditionnels des différentes régions de l'ex-Yougoslavie, des outils datant du début du siècle dernier, des intérieurs de salon à l'austro-hongroise, des maquettes de maisons, ou encore le musée à ciel ouvert de Sirogojno que nous avons abordé dans un article.
 
La campagne serbe constitue le terreau dans lequel la société serbe et ses habitants puisent leur folklore et leurs traditions, ce sont dans les campagnes que l'on retrouve les grands festivals de nourriture et de boissons transformant un village paisible en une grande fête où la générosité, l'hospitalité et l'accueil serbe sont tout aussi présents que la nourriture ou la boisson. Ces fêtes sont souvent l'occasion de sortir les habits traditionnels que l'on porte dès le plus jeune âge, notamment les opanci, ces chaussures tressées en cuir, sans lacet et à extrémité recourbée.
Alors habillés, les chants traditionnels se mettent à raisonner dans les rues, les habitants reprennent en choeur les paroles et il est tout à fait possible que l'école du village interprète une danse traditionnelle, comme le kolo, danse en rond très populaire dans les Balkans.

C'est en dehors des villes également que l'on retrouve les grandes plaines agricoles où les paysans serbes cultivent les céréales, fruits et légumes dans le but de préparer ce qui se fait de mieux dans la gastronomie serbe. Ainsi, le chou de Futog entre dans la préparation des sarma ou autre podvarak, les framboises d'Arilje sont le plus souvent vendus à l'étranger (la Serbie étant le 2e plus grand producteur de framboises au monde après la Russie), le poivron devient au choix de l'ajvar ou est conservé comme des cornichons, le raisin devient du vin dans de nombreuses régions serbes, la prune est le fruit de référence pour la préparation de la rakija (l'eau de vie locale)... La Serbie est également un pays de fromages et de charcuteries, que l'on fabrique dans presque toutes les fermes à la campagne. Kačkavalj, kajmak, fromage de Zlatibor, fromage de Pirot rivalisent sur les tables avec la čajna kobasica, le kulen, le pršut ou encore les čvarci.


Le secteur du tourisme en Serbie a su voir le potentiel et la richesse de sa campagne, c'est pourquoi il existe de nombreuses solutions d'hébergement appelées « Etno selo » ou « etna kuća », qui sont des hôtels offrant le gîte et le couvert le tout dans une architecture traditionnelle, décoré à l'ancienne et où les propriétaires se chargent généralement eux-mêmes de l'élaboration des différents repas de la journée, avec des produits provenant des environs ou directement élaborés sur place.

Afin de diversifier leurs activités, ces établissements proposent de nombreuses activités, outre la possibilité de les voir travailler, il n'est pas rare de voir un atelier avec d'anciens artisanats à proximité dans le but de faire découvrir d'anciens métiers et les réalisations qu'il est possible de tirer d'un tel savoir-faire. Travail du bois, du cuir, de l'osier, du textile, de la céramique ou de gastronomie, un séjour dans un etno selo ou une etna kuća constitue un havre de paix, très loin du bruit de la ville, très souvent dans un cadre digne d'une carte postale et surtout, le plus près de la nature et des habitants.


Une place de choix doit être faite à la campagne de Voïvodine, cette région du Nord de la Serbie qui était autrefois une région de l'Empire des Habsbourg. En effet, sa position géographique et son appartenance à un Empire très mixte en terme de population permettent aujourd'hui de voir une véritable mosaïque de peuples. Hongrois, roumains, slovaques, allemands sont les minorités principales de la région et il n'est pas rare de traverser une ville ou un village où ces minorités constituent la majorité de la population. Cela permet au voyageur s'aventurant dans la campagne de Voïvodine de découvrir une architecture et des traditions à fortes inspirations étrangères comme si l'on visitait plusieurs pays tout en restant en Serbie.


Loin des clichés, la campagne serbe est généreuse, riche et accueillante pour n'importe qui s'intéresse à la découvrir, sans préjugés, en étant simplement prêt à recevoir toute l'authenticité qu'elle a à offrir.