Officiellement ouverte au public, depuis ce samedi 30 mars après plusieurs années de rénovations financées en partie par l'Union européenne, la forteresse de Golubac promet de devenir un lieu incontournable du tourisme en Serbie.
Premièrement en raison de sa situation géographique privilégiée, à l'entrée du parc national du Đerdap, à 4 kilomètres en aval de la petite ville de Golubac qui le long de sa promenade permet d'observer le cours du Danube à l'endroit où il est le plus large. Le Danube et le parc national du Đerdap marque la frontière naturelle entre la Roumanie et la Serbie et est connu pour abriter quelques uns des plus beaux paysages de la République de Serbie comme le défilé de Kazan (endroit où le cours du Danube est le plus étroit) connu aussi sous le nom de Portes de Fer, la tête sculptée monumentale de Décébal, l'Empereur dace qui fait face à la Table de Trajan, réalisation monumentale datant du IIe siècle de notre ère.Situées respectivement sur la rive roumaine et la rive serbe, il est possible d'observer ces sculptures monumentales depuis le fleuve avec des croisières organisées sur des bateaux de plaisance depuis le village de Donji Milanovac, au cœur même du parc, sur la rive serbe.
Outre la beauté du lieu, c'est l'histoire de la forteresse elle-même qui est fascinante. La Table de Peutinger, très célèbre document cartographique antique signale l'emplacement d'un fort romain dont les vestiges ont été identifiés sur le lieu même de la forteresse. Au VIème siècle, durant les invasions barbares des Slaves et des Avars, le site était un point de contrôle frontalier pour l'Empire Romain d'Orient.La région de Golubac devient alors un lieu stratégique dont le contrôle est revendiqué par les Serbes, les Magyars et les Byzantins. Il est commun de dater la construction de la forteresse au début du XIVème siècle, ce qui coïncide avec la première mention de l'existence d'une forteresse à Golubac, qui remonte à 1335, alors sous domination hongroise.L'organisation politique complexe de l'époque dans la région et les nombreuses alliances diplomatiques font que la forteresse revient au royaume de Serbie dès la moitié du XIVème siècle. La fin du XIVème siècle est marquée en Serbie par la cuisante défaite de Kosovo Polje où le roi de l'époque Lazar Hrebeljanović ne put contenir plus longtemps les assauts toujours répétés et violents des Ottomans.L'avancée ottomane fait que la forteresse tombe dans leurs mains une première fois à la fin du XIVème siècle.Cependant, le lieu stratégique que constitue la forteresse de Golubac en fait le théâtre d'affrontements fréquents entre les Hongrois et les Ottomans, changeant ainsi de maîtres de façon régulière. Les événements prirent une nouvelle tournure en 1426 et la signature du pacte de Tata où l'on nomma le successeur au roi de Serbie de l'époque Stefan Lazarević en contrepartie d'une sécession de terres à la mort de ce dernier. La mort de Stefan Lazarević advenue dès 1427, les Hongrois, signataires du pacte s'efforcèrent de l'appliquer.Le chef de l'autorité locale à Golubac demanda en plus une compensation financière à la couronne hongroise, qui lui fut refusé. Il fit alors allégeance aux Ottomans et un pacha s'installa officiellement à Golubac. S'en suit une longue série de batailles pour le contrôle de la région malgré une domination ottomane toujours présente bien qu'entrecoupée par de courtes conquêtes. Ce n'est qu'en 1867 que Golubac, au même titre que plusieurs autres localités fut rendu à la principauté autonome de Serbie. Depuis, les activités humaines ont grandement endommagé l'aspect de la forteresse, notamment la construction d'un barrage hydroélectrique qui causa la montée des eaux du Danube qui vinrent alors engloutir les constructions les plus basses de la forteresse.
Sur le point de vue architectural, la forteresse comprend trois grandes enceintes : supérieure, postérieure et avancée flanquées de 10 tours (entre 20 et 25m de haut chacunes) et 2 herses. Des fossés présents à l'avant des murailles garantissant une protection supplémentaire.Le Danube et l'éperon rocheux naturel sur lequel est posé la forteresse complète les éléments de défense.L'ensemble est construit en pierres de taille.
Avec l'ouverture de la forteresse au public, il est possible de visiter le complexe par quatre itinéraires possibles, classés selon la difficulté. - zone verte : 3 tours + le palais, 600 dinars, facile. - zone bleue : 4 tours + le palais, 800 dinars, moyen - zone rouge : 6 tours + le palais, 1000 dinars, difficile - zone noire : 8 tours + le palais, 1200 dinars, très difficile Il est également possible de visiter le centre d'accueil des touristes qui comprend une petite exposition à propos du lieu avec quelques objets mis au jour lors de fouilles archéologiques réalisées durant la réhabilitation de la zone. Un bar-restaurant présent sur place permet de faire une petite pause afin de profiter pleinement de son séjour à Golubac.
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