Le Monténégro de par son débouché sur la mer Adriatique constitue un point géostratégique important au cœur des Balkans. Imprégné de cultures romaines, byzantines, vénitiennes et ottomanes, il s'en dégage de nombreuses influences dans sa culture.
Entre le Nord du pays encore très marqué par les siècles de domination ottomane et le littoral façonné de la main des Vénitiens, l'exemple cosmopolite que forme le Monténégro invite au dépaysement et un voyage à travers les époques.
S'il existe grand nombre de vestiges byzantins, romans et ottomans principalement dans l'édification des lieux de culte, c'est bien la culture vénitienne qui se démarque du lot et qui a laissé les plus belles manifestations de leurs architectes.
La baie de Kotor qui constitue une étape touristique de choix pendant votre séjour au Monténégro a été intégralement pensé par les architectures vénitiens, leurs créations a fait que la baie est depuis inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Parmi les réalisations les plus impressionnantes du génie civil vénitien, on retrouve le système de fortifications de Kotor. L'intérieur de ces fortifications, le majestueux bâtiment de la cathédrale St Tryphon, symbole de la ville est un joyau de l'architecture romane bien que l'intérieur ait été redécoré selon le goût des Vénitiens, créant une symbiose parfaite entre ces deux grandes influences.
Ce melting-pot d'influences est accentué par d'autres constructions emblématiques de la ville, à l'image de l'église St Mihavil, construite dans un style gothique au XVème siècle et décorée de somptueuses fresques ou encore l'église orthodoxe St Nikola qui reprend les codes architecturaux des établissements religieux orthodoxes, bien loin des standards des édifices catholiques.
Outre les édifices religieux, l'art vénitien s'observe dans plusieurs palais de la ville comme le palais Pima, édifice mêlant l'art renaissant et baroque vénitien.
La reconnaissance internationale du Monténégro doit beaucoup à ses peintres qui en vivant et travaillant à l'étranger ont ainsi répondu l'art du Monténégro et la philosophie de vie qui est la leur et celle de leurs compatriotes restés au pays.
Le premier grande peintre d'origine monténégrine connu et reconnu est Milo Milunović qui est né à la fin du XIXème siècle. Il est notamment connu comme l'un des fondateurs de l'Académie des arts de Belgrade et par ses tableaux impressionnistes, abstraits et fauves.
Petar Lubarda acquit une célébrité autre que celle de Milunović. Centré sur l'Histoire serbe et les paysages monténégrins, son travail est salué par ses pairs qui lui décerne de nombreux prix aussi bien en Europe, au Brésil qu'à Tokyo.
Si Vojo Stanić est un autre peintre connu, la France connaît davantage les œuvres de Miodrag Đurić dit Dado. En effet, Dado passa le plus clair de son temps d'artiste en France et grand nombre de ses œuvres sont exposées aujourd'hui au Centre Pompidou de Paris. Dado était un artiste complet qui réalisait également des gravures, des sculptures, des céramiques, de l'art décoratif et même à la fin de sa vie, des travaux digitaux.
L'artisanat monténégrin ressemble à bien des égards à celui de ses proches voisins.
Le café : Héritage de l'Empire Ottoman, le café à une dimension sociale au Monténégro, c'est pourquoi on y fabrique des services à café en étain ou en cuivre richement décorés. Il n'est pas rare de trouver dans les maisons, des moulins à café en bois toujours utilisés aujourd'hui.
L'art des vêtements : Les pulls en grosses mailles de laine tressée est sans doute ce qu'il y a de plus monténégrin à offrir. Typique des régions montagneuse du Nord, ces pulls assurent de rester au chaud même lorsque les températures dégringolent lourdement au-dessous de 0°C.
Le cuir est également utilisé pour la réalisation d'opanci, qui sont des chaussures traditionnelles de paysans dépourvues de lacets et très résistantes. Selon la forme de l'extrémité du pied, il est possible de reconnaître la région d'origine du modèle.
L'art religieux : Très pieux et croyants, les monténégrins consomment un grand nombre d'icônes (Christ, Vierge, saints protecteurs de la famille). Rares sont les demeures ou les voitures monténégrines qui ne disposent pas de leurs icônes leur assurant chance et protection.
Les œufs peints : Tradition gardée pour célébrer les Pâques orthodoxes. Ces fêtes sont l'occasion de se retrouver en famille ou entre amis et de peindre des œufs qui seront offerts aux proches pour leur assurer chance et prospérité.
Les instruments de musique : Les petites flûtes en bois gravées, instrument de prédilection des bergers monténégrins du Nord du pays constituent un souvenir original de votre passage au Monténégro, au même titre que le gusle, instrument national emblématique qui ressemble à un long violon muni uniquement d'une seule corde, frottée à l'aide d'un archer.
La littérature monténégrine est très peu connue en dehors des frontières de l'ex Yougoslabie car peu traduite et n'attirant pas une foule d'acheteurs.
Cependant certains noms n'en demeurent pas moins de grands noms de la littérature du pays, à commercer par le prince-poète Petar II Petrović Njegoš, érigé en héros national qui était aussi un grand poète. Il est probablement l'écrivain monténégrin le plus connu de l'Histoire.
Njegoš écrivit à propos du folklore serbe, de la poésie lyrique et d'autres histoires bibliques. Son ouvrage le plus connu est indubitablement Gorski vijenac (la couronne de la montagne) qui est un long poème construit en pièce de théâtre.
Derrière le prince-poète, on retrouve plusieurs figures du XXème siècle qui ont donné à leur tour leurs lettres de noblesse à la littérature monténégrine, à commencer par Mihailo Lalić.
Écrivain très prolifique, il reçut de nombreux prix pour ses ouvrages comme Ratna sreća (Chance de guerre) ou encore Lelejska Gora. Ses œuvres s'inspirent de l'Histoire moderne du Monténégro notamment les combats entre Tito et ses partisans et les royalistes.
Borislav Pekić est la seconde figure de proue de la littérature monténégrine du XXème siècle.
Son premier roman Vreme čuda (Le temps des miracles) fut traduit dans de nombreuses langues dont le français plus de vingt ans après sa sortie initiale.
Son roman Hodočašće Arsenija Njegovana (Pélerinage d'Arsenije Njegovan) l'obligea à quitter la Yougoslavie pour discordance avec les autorités malgré le fait que le livre reçut une critique très positive.
Plusieurs de ses ouvrages écrits pendant ses années d'exil furent également de grands succès et notamment traduits en français. Il mourut en 1992 en laissant derrière lui une riche œuvre accessible en français pour les plus curieux d'entre vous.
Très liée à la musique serbe, la musique monténégrine tire une grande partie de son inspiration dans la musique ottomane et aussi les traditions tziganes.
On retrouve une musique de village animée par le son de la flûte et des gusle qui constituent en de longs chants plaintifs racontant généralement les horreurs de la guerre ou la perte d'un grand amour. Cette musique traditionnelle est profondément ancrée dans la culture monténégrine et elle dénote grandement avec la musique contemporaine.
Les principaux artistes monténégrins du moment sont tous passés par la case Eurovision puisque le Monténégro, inspiré par la victoire serbe en 2007 avec Marija Šerifović se donne chaque année toutes les chances de réussir en envoyant leurs meilleurs chanteurs.
Rambo Amadeus démarre sa carrière en 1988 au temps de la Yougoslavie et s'inscrit dans la mouvence rock yougoslave de cette décennie. Il représentant son pays au concours Eurovision de la chanson en 2012 où il ne passa pas le stade des demi-finales.
Le groupe Who See est choisi pour le concours en 2013 et connaît le même résultat que leur prédécesseur. Malgré leur succès populaire et grandissant dans toute l'Adriatique, les sons hip-hop et underground dérangèrent les puristes. Ils incarnent la nouvelle génération et leur musique s'adresse à un public plutôt jeune.
En 2014, le Monténégro décide d'envoyer Sergej Ćetković au concours de l'Eurovision. Il s'agit tout simplement du chanteur monténégrin le plus populaire, capable de remplir les plus grandes salles de la péninsule balkanique où qu'il aille. Il est le premier représentant monténégrin à se qualifier pour la finale où il prit la 19e place sur 26 participants.
Forte de leur première finale, la délégation monténégrine envoie Knez en 2015 afin de les représenter. Chanteur pop et Eurodance, style très prise à la fois dans les Balkans et par les amateurs du concours, il réalisa la meilleure performance du Monténégro à ce jour dans l'émission, à savoir une 13e place. Knez est aussi connu pour son titre Donna, version monténégrin de la chanson Bella, intrerprété par Maître Gims.
Le Monténégro n'est pas un pays de théâtre, on ne compte qu'un seul théâtre professionnel, le Théâtre National Monténégrin, basé à Podgorica et qui est chargé à lui seul d'assurer la culture théâtrale de tout le pays.
En été, on trouve plusieurs manifestations et festivals de théâtre comme à Budva qui sont autant de vitrines possibles pour développer l'engouement du public aux arts du théâtre.
Plus populaire que le théâtre, le cinéma monténégrin est encore jeune et ne connaît que très peu de succès au-delà de la sphère balkanique. Dépourvu d'une figure de proue comme Emir Kusturica pour la Serbie, le cinéma monténégrin est condamné à rester dans l'ombre.
Néanmoins de grands réalisateurs comme Zdravko Velimirović ou Živko Nikolić ont profodément marqué de leur empreinte le septième art monténégrin.
Le premier film de Velimirović Dan četrnaesti (Le 14e jour) était présent dans la sélection officielle du festival de Cannes en 1961. Le cinéma contemporain du Monténégro est marqué par deux jeunes réalisateurs de talent à savoir Nikola Vukčević et Željko Šošić. Vukčević est notamment à l'origine du film Pogled na Ajfelovog Toranj (Vue sur la Tour Eiffel), présenté à plus d'une trentaine de festivals à l'international et qui raconte l'histoire de Marijana, jeune femme que son père prostitue auprès de son supérieur et ses collègues dans le but de progresser dans sa carrière.
Le mouvement du « Nouveau cinéma monténégrin » est lancé à la suite du film Imam nešto važno da Vam kažem (J'ai quelque chose d'important à vous dire) sorti en 2005 et dirigé par Željko Šošić.