La ville de Timisoara compte plus de 300 000 habitants, elle se trouve à l'extrême ouest du territoire national roumain. Il s'agit d'une ville au carrefour des cultures roumaines, serbes et hongroises.
Timisoara est boudée par la plupart des circuits touristiques en Roumanie. C'est pourtant une ville grandiose qui n'a pas abandonné son statut de ville contestaire au pouvoir de Bucarest. Timisoara est la préfecture du département de Timis (dont le nom découle de la rivière homonyme) ainsi que la capitale historique de la région du Banat.
L'histoire de la ville nous ramène au XIIIème siècle, période à laquelle la ville serait née. Timisoara se développe rapidement et reçoit le soutient du roi de Hongrie Carol Robert d'Anjou. Au XVème siècle, la menace ottomane sur les Balkans se fait de plus en plus pressante. Iancu de Hunedoara, Voïvode de Transylvanie, écrivit alors une page importante de l'histoire régionale en repoussant les ottomans. Malgré tout, ces derniers prendront possession du Banat et de Timisoara en 1552.
Timisoara resta dès lors sous domination ottomane jusqu'en 1716 lorsque l'empire Austro-Hongrois repoussa les ottomans hors de la ville. La période de domination hongroise, qui dura jusqu'en 1919, correspond à son l'âge d'or. L'industrie locale se développe rapidement notamment grâce à des investissements étrangers. C'est par exemple en 1718 qu'est créée la brasserie Timisoreana qui reste aujourd'hui un symbole identitaire.
Les évolutions majeures marquant l'essort de Timisoara surviennent à la fin du XIXème siècle. Surnommée ''La Petite Vienne'', Timisoara est une ville lumière de l'empire Austro-Hongrois à tous les sens du terme! C'est en effet en 1884 que la capitale du Banat devient la première ville d'Europe à posséder un éclairage public à l'électricité. Quelques années plus tard, en 1899, elle devient l'une des toutes premières villes européennes à posséder un réseau de tramway.
Suite à la première guerre mondiale, où l'Autriche- Hongrie se retrouve sur la liste des perdants, le Banat et la Transylvanie deviennent des territoires roumains. La grande majorité de la ville est alors d'origine allemande, hongroise ou serbe et les roumains ne constituent que 10% de la population totale. Cette situation évoluera au fil du temps mais les ethnies minoritaires restent très présentes dans la ville.
Durant la seconde moitié du XXème siècle, Timisoara subit, comme toute la Roumanie, les régimes communistes de Gheorghiu-Dej et Ceausescu. Contrairement à d'autres villes, son architecture ne sera que très peu modifiée et conservera sa splendeur. De son propre aveu, Nicolae Ceausescu craignait cette ville contestataire qui ne se soumettait pas à son pouvoir... et l'histoire lui donna raison.
En décembre 1989, le pouvoir communiste roumain tente de muter le pasteur hongrois László Tőkés de la ville de Timisoara. Leader de la communauté magyare, Tőkés s'oppose ouvertement au régime. Cet événement met le feu aux poudres et des manifestations sont organisées à partir du 17 décembre 1989. Les protestations se transforment en soulèvement populaire dans tout le pays. Une centaine de manifestants périrent à Timisoara dans les événements qui conduisirent à la révolution de 1989 et à la chute du régime communiste de Nicolae Ceausescu.
Considérée comme une ville libre, Timisoara n'en est pas moins un instrument du pouvoir moscovite qui serait finalement le chef de file de cette dite révolution populaire.
Les rues de la ville sont marquées par l'évolution de Timisoara. L'architecture locale rappelle le style baroque typique de l'Autriche-Hongrie tandis que les noms des rues et places évoquent avec fierté les événements marquants du mois de décembre 89.
La grande diversité culturelle de la ville est partout visible. Si les mosquées ottomanes ont disparu depuis le XVIIIème siècle, Timisoara conserve toujours un nombre important d'églises catholiques et orthodoxes ainsi que plusieurs synagogues. Cette architecture est magnifiée dans toute la ville par des parcs et jardins qui ont valu à la capitale du Banat, un nouveau surnom de ''ville des roses'' (titre officieux partagé avec Targu-Mures).
Les plus beaux bâtiments de la ville se situent autour des places de la Victoire et de l'Union. De nombreuses églises, maisons bourgeoises et palais donnent à Timisoara un agréable parfum hongrois qui peut avoir tendance à déboussoler les bucarestois!
Enfin, un personnage né à Timisoara et connu internationalement donne un peu plus de renommée à la ville. Il s'agit de Tarzan! Autrement dit Jonny Weismuller, ce champion olympique de natation qui trouva une parfaite reconversion dans l'industrie du cinéma!