Ne cherchez pas l'Île Ada Kaleh, ce bout de terre symbole de la grandeur de la culture ottomane a disparu de la carte en 1971 suite à la construction du barrage Portile de Fier.
L'île Ada Kaleh était située à 3 km en aval de la cité de Orsova, en plein milieu du Danube! Ada Kaleh mesurait environ 1.7 km pour une largeur de 500 mètres et fut peuplée d'environ 600 turcs. Cet îlot aurait été habité durant l'antiquité par des colons grecs. Beaucoup plus tard, alors que le Banat se trouvait en territoire ottoman, des turcs se serait installés sur l'île et y aurait développé la culture d'olives et de tabac. Ce sont d'ailleurs les turcs qui nomèrent le lieu, Ada Kaleh signifiant ''île forteresse'' en raison du système défensif élaboré. Les défenses de l'île furent d'ailleurs mises à rude épreuve lorsque les troupes autrichiennes attaquèrent la région à la fin du XVIIème siècle. Du fait de sa position géographique, Ada Kaleh représentait en effet un point stratégique de surveillance du Danube. L'île passa ainsi successivement en territoire ottoman et autrichien avant de devenir une possession turque sous occupation austro-hongroise après un siècle de querelles.
En 1918, Ada Kaleh devint un territoire roumain. Malgré tout, les populations turques n'abandonnèrent pas leur île...ils y furent pourtant contraints en 1971. C'est en effet à cette époque que les gouvernements roumains et yougoslaves construisirent le barrage Portile de Fier I qui noya l'île sous 30 mètres d'eau. Les principaux monuments de la cité furent en partie sauvés par les habitants qui emigrèrent en Turquie et sur les côtes de la Mer Noire.
L'histoire de cette île est une triste illustration de l'amnésie des leaders communistes qui détruisirent un lieu d'une inestimable richesse naturelle et culturelle.
Il semblerait toutefois que le gouvernement roumain actuel souhaite, en partenariat avec le gouvernement turc, créer une nouvelle Ada Kaleh. Cette idée folle a été lancée il y a plusieurs dizaines d'années, lorsque des ruines de l'ancienne cité ont été transportées à l'île Simian, située à une vingtaine de kilomètres au sud, à proximité de Drobeta-Turnu-Severin. Ce fabuleux projet avait pourtant été arrêté faute d'argent. Mais, depuis l'entrée de la Roumanie dans l'UE, le conseil départemental local s'est montré persuasif et l'île multi-culturelle de Simian dont rêvent les turcs de Roumanie pourrait bientôt voir le jour.